Conférence d’Anne Cullerre le mardi 23 janvier
LA FRANCE ET L’ASIE – PACIFIQUE:
DES ENJEUX DE SÉCURITÉ PARTAGÉS, UNE PLACE A PRENDRE
Nation du Pacifique, avec 1 200 000 ultra-marins et une très importante ZEE (Zone économique exclusive) à protéger, la France serait économiquement concernée par une dégradation de la situation sécuritaire dans la zone « mer de Chine du Sud-détroit de Malacca ».
Son statut de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-Unies (comme les deux grands acteurs du Pacifique, USA et Chine) et ses partenariats stratégiques avec l’Australie, l’Inde, le Japon, Singapour, la Malaisie, l’Indonésie, le Vietnam, l’obligent à être présente dans les débats sécuritaires de la région (sécurité environnementale, terrorisme, immigration clandestine, trafics de drogue, pêche illicite, revendications territoriales et militarisation en mer de Chine, armes de destruction massive).
Elle y dispose de moyens d’action et de leviers d’influence lui permettant de préserver ses intérêts et d’endosser un rôle d’acteur de sécurité régionale, inattendu pour une nation du continent européen.
La France est reconnue pour son attachement historique à la défense du droit international. Si elle évite de prendre parti dans les revendications territoriales, elle se pose indiscutablement en défenseur du respect des règles de la Convention des Nations Unies
sur le droit de la mer, ce qu’elle affirme de manière réitérée et forte, aux forums du «Shangri La Dialogue» à Singapour, et par les patrouilles des navires de la Marine nationale, plusieurs fois par an.
Ses campagnes d’essais nucléaires en Polynésie française jusqu’en 1995, n’ont pas bénéficié à son image dans la région, mais nos voisins du Pacifique sont aujourd’hui plus intéressés par le processus politique instauré en Nouvelle Calédonie, reconnu comme exemplaire, ou la vente de sous-marins à l’Australie, pour 40 Milliards de dollars.
La France, une des rares nations à posséder un modèle militaire complet, seul pays européen à disposer de forces stationnées dans le Pacifique, connaît une crédibilité lui permettant d’être le premier pays non partenaire de dialogue de l’ASEAN (Association of South East Asian Nations), à postuler un poste d’observateur dans les groupes de travail de l’ADMM + (ASEAN Defense Minister Meeting, regroupant les 10 nations de l’ASEAN et leurs 8 partenaires de dialogue).
Face à la Chine espérant une Europe dynamique, au Japon recherchant des soutiens dans un environnement instable, à une Australie attendant plus de coopération dans le Pacifique Sud, aux pays de l’ASEAN recherchant des contrepoids au regard d’un éventuel G2 USA / Chine ou d’une rivalité USA / Chine, la France peut représenter une autre voie, celle de la stabilité face à l’incertitude.
Anne Cullerre
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– 35 années en poste d’officier de Marine de 1981 à 2016 ;
– Première femme Vice-amiral de la Marine française ;
– 10 années d’embarquement en mer, dont deux commandements de navires militaires.
– Depuis 2016 :
– intervenante et formatrice au sein du The Management Institute for International Security, Paris;
– Envoyée Spéciale Militaire Asie du Sud-Est de la Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie du Ministère des Armées.
Une expérience couvrant les domaines suivants :
– planification et conduite des opérations maritimes: Chef des opérations de la Marine et conseiller opérations du Chef d’Etat-Major de la Marine en tant que Vice-amiral ; chef d’Etat-Major de l’Amiral commandant en Océan Indien ; chef de la division retour d’expérience et exercices au Centre de la Planification et Conduite des Opérations (CPCO) ; chef de la planification opérationnelle en état-major international (Bahrein) ; chef de bureau opérations Outre-mer ;
– relations internationales militaires : chargée de missions au profit de la Direction Générale des Relations Internationales et de la Stratégie (depuis 2016) ; en tant que Contre-amiral, représentante du CEMA dans les rencontres de haut niveau et intervenante dans des forums internationaux de sécurité et de Défense en Asie Pacifique ;
chef du bureau Asie-Pacifique de l’Etat-Major des Armées ;
– leadership et management : Commandant Supérieur des forces armées en Polynésie Française (1500 militaires et civils), management d’équipes de 10 à 80 militaires et civils, commandant de bateau, commandant de base à terre, , membre du COMEX de la Marine ;
– communication et media: adjointe au chef du Service des Relations Publiques de la Marine (gestion de crises media, media-training, élaboration de stratégies de communication, exercice des fonctions de porte-parole) ;
– formation, pédagogie : cadre dans les écoles de formation de la Marine pendant 8 ans.
Formations principales : Entrée sur concours dans la Marine en 1981 après études universitaires, Collège Interarmées de Défense (2000), Cycle Interministériel de Management de l’Etat (ENA, 2015-2016).
Décorations principales : Officier de la Légion d’Honneur, chevalier de l’Ordre National du Mérite et officier de l’Ordre du Mérite Maritime.