Visite du site ITER le 10 novembre 2017

Sous la conduite efficiente de Bernard Bigot, Haut-commissaire à l’énergie atomique, 16 auditeurs de l’Association ont découvert cet époustouflant projet sur 180 hectares à Saint-Paul-lez-Durance, où est implanté depuis 1960, un centre de recherche du Commissariat
à l’énergie atomique (CEA) qui a fourni le terrain.

Ce projet, l’un des plus ambitieux au monde dans le domaine de l’énergie, vise la construction du plus grand « tokamak » jamais conçu. Cette machine expérimentale doit exploiter l’énergie de la « fusion », réaction nucléaire qui alimente le Soleil et les étoiles, et pourrait être une source d’énergie quasiment inépuisable, sûre, non émettrice de CO2 et productrice d’électricité.

ITER a pour objectif de maîtriser cette énergie : les résultats de son programme  scientifique permettront les centrales de fusion électrogènes de demain.

Les membres (Chine, Corée, Inde, Japon, Russie, Union européenne, USA) de l’Accord ITER, conclu en 2006 après entente en 1985, à Genève, entre les USA et l’URSS, sur un projet de nucléaire pacifique et après ratifications parlementaires, partagent les coûts de la construction (45% par l’UE, 9,1% par chacun des autres, en nature – fournitures / bâtiments / pièces / systèmes), de l’exploitation, du démantèlement de l’installation, les résultats expérimentaux et la propriété intellectuelle générée par la phase d’exploitation. Deux accords de coopération technique ont été conclus avec l’Australie (2016) et le Kazakhstan (2017), outre 40 accords de coopération avec organisations internationales, laboratoires, universités et grandes écoles.

Ces membres représentent la moitié de la population mondiale, 85 % de la production de richesse mondiale, 40 langues. Actuellement, 800 collaborateurs dans les bureaux d’IITER et 2000 sur le chantier travaillent au projet, dont des étrangers venus avec leurs familles et
bénéficiant d’écoles en 6 langues.

Nous avons ainsi eu beaucoup d’explications – complexes – sur les phénomènes physico-chimiques (plasma constitué de molécules en collision provoquant la fusion, cohabitation de températures de l’ordre du million de degrés avec des enceintes supraconductrices refroidies à -270°C, champs magnétiques maîtrisés, électrons), sur la structure du tokamak (enceinte à vide dans laquelle un plasma sera créé et cage  magnétique géante – constituée de bobines verticales de 3000 tonnes assemblées sur place – destinée à entretenir ce plasma), sur les systèmes d’ingénierie (ponts, salle de contrôle, bâtiment de diagnostic, planche antisismique, transformateurs etc…) contrôlés par une métrologie très fine. Une salle de projection en 3D précise les phases du projet dont nous
avons visité les éléments en cours de construction sur le terrain.

Nous sommes revenus impressionnés par cette gigantesque réalisation (10 millions de pièces à fabriquer, livraisons par convois de 60 mètres de long, 10 mètres de hauteur sur 100 kilomètres), en vue du premier plasma vers 2025, d’une montée en puissance vers 2035 et pleine puissance, vers 2050. Avec la satisfaction de constater qu’elle résulte de la mise en commun des ressources scientifiques, industrielles, financières et humaines  d’autant de puissances.

Yvonne Ferragu Guernigou et Marileine Toinet