Février 2017, Autonomie stratégique de la France et Moyen-orient par Khattar ABOU DIAB 

Depuis 2011, les défis révélés par l’ancien Livre blanc de 2008, sont toujours d’actualité: terrorisme, cyber-menaces, prolifération nucléaire. De plus, les recommandations du «Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale » (2013), s’appliquent notamment dans les secteurs prioritaires (Afrique et Moyen–Orient). S’y ajoutent une forme de tension avec la Russie et la déstabilisation outre-Méditerranée.

Sur l’échiquier d’un grand Moyen-Orient, le bilan de la France paraît nuancé politiquement, avec des succès commerciaux et économiques, le développement de divers partenariats, et volontaire stratégiquement. Mais, pour bien relancer le rôle français outre-Méditerranée, il est indispensable d’élaborer une feuille de route diplomatique prenant en compte la dimension européenne, ce qui nécessite une redéfinition des priorités et une clarification au niveau des alliances et de leurs répercussions dans l’Hexagone.

Face à la montée du rôle russe, à l’ambiguïté des intentions américaines de D. Trump, et aux faiblesses intrinsèques de l’Europe, la France devrait adapter son outil militaire (par exemple, l’allègement des charges de la sécurité intérieure – la Garde nationale comme substitution – ; le renforcement des capacités de projection et notamment un autre porte-avions; moins de charges dans les opérations de maintien de la paix, pour mieux participer aux opérations urgentes, ou à la lutte contre le terrorisme) pour répondre à des menaces plus diffuses et à une instabilité moyen-orientale qui risque de durer. Sans l’addition de ses atouts et de ses adaptations militaires, la France ne pourrait pas consolider son influence dans le voisinage méditerranéen. Ce changement de cap est une condition sine qua non pour assurer l’autonomie stratégique de la France et la défense de ses intérêts économiques et politiques.

Sans doute, les dimensions intérieures et extérieures se mêlent-elles dans les domaines de la lutte contre le terrorisme et de l’interaction supposée entre phénomène terroriste, avec l’Islam, et la France plurielle. Tout au long de la campagne électorale en 2017, la sécurité des Français et la place de l’Islam ont été parmi les dossiers sensibles, objet de polémiques et prises de positions contradictoires.

Khattar ABOU DIAB