Table ronde sur l’Indopacifique le mercredi 1° février 2023

Table ronde sur l’Indopacifique

le mercredi 1° février 2023 à 18h30

en présentiel à l’Ecole militaire

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et le rapport sur la table ronde sur l’Indopacifique ICI

Une part considérable des équilibres du monde de demain se joue aujourd’hui dans l’Indopacifique. La France, qui compte 1,6 million de concitoyens et trois-quarts de sa zone économique exclusive dans cette zone, est déterminée à être bien présente à ce rendez-vous historique.

Le Président de la République a posé les principes et les lignes d’action de la stratégie française en Indopacifique au printemps 2018. De ceux-ci a émané la Stratégie Française en Indopacifique publiée en février 2022 par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Lors de ses vœux aux Armées en ce début d’année, le Président Macron a rappelé l’importance de la zone Indopacifique, eu égard à tous ses enjeux.

L’Association des Auditeurs IHEDN Paris Ile de France a souhaité organiser cette conférence du 1er février 2023 pour évoquer les enjeux en Indopacifique et les différents axes de la stratégie française dans cette zone et souligner le rôle que la France doit et souhaite jouer dans cette Région. L’Association des Auditeurs IHEDN Paris Ile de France remercie les différents intervenants et le modérateur qui ont fait de cette conférence un succès.

S’il est difficile de résumer 90 minutes de conférence en quelques lignes, vous trouverez ci-après quelques-uns des points saillants de celle-ci :

  • C’est une région de tensions et de cristallisations où les équilibres sont mouvants (Taiwan, disputes en mer de Chine méridionale, Corée du Nord). La rivalité entre la Chine et les Etats Unis structurent les équilibres sécuritaires et donc menace le multilatéralisme. L’un des objectifs de la France est de peser dans l’architecture de défense dans la région (ADMM-Plus, IONS, WPNS, etc.). La France participe aux fora de la Région sur la défense et la sécurité comme le Shangri-La dialogue et organise des déploiements dans la région. La France a également un rôle à jouer dans le HADR.
  • La France est une puissance d’initiatives, c’est-à-dire responsable et proactive. La France et l’Inde s’aide mutuellement pour renforcer leur présence dans les organisations multilatérales en Indopacifique et œuvrent au multilatéralisme en complément. La France promeut une approche multilatérale et inclusive qui se rapproche de celle de l’Inde ou de l’ASEAN, mais qui diverge de celle des Etats Unis. La France est un des pays moteurs de l’Union Européenne en Indopacifique et le renforcement de la coopération de la France et de l’Union Européenne avec l’ASEAN peut être un outil du renforcement du multilatéralisme dans la zone. Le défi est la cohérence de la politique des pays de l’Union Européenne et de la cohérence de leurs actions dans la zone.
  • Le changement climatique a quatre grandes familles de conséquences : la hausse des températures, la hausse du niveau des mers, l’augmentation des précipitations et les événements climatiques extrêmes. Dans un contexte général de sur-pèche et de pêche illicite, le réchauffement des mers entraine le déplacement des ressources halieutiques et donc impacte les ressources alimentaires et financières des pays. Dans l’Indopacifique, le changement climatique est encore très largement vu sous l’angle du soutien que les forces armées peuvent apportées aux opérations HADR. Sur un plan géopolitique le changement climatique tend à accroitre les tensions internationales. Il y a encore du travail pour introduire le changement climatique dans différentes enceintes de coopération. Il faudrait peut-être le faire au sein de l’ADMM-Plus
  • La Chine ne fait plus la course en tête en Asie Pacifique en matière de développement, puisque le poids relatif de ASEAN et de l’Inde va croître. Le commerce mondial reste soutenu et donc la dynamique de la globalisation se poursuit. La régionalisation intra-asiatique est élevée (60%) mais ne progresse pas. La France investit en Asie plus qu’elle n’exporte (environ 4 fois plus que les exportations directes) et donc il faut protéger ces investissements, dont l’ASEAN représente une part importante à équivalent avec la Chine. L’Asie Pacifique est la seule région du monde qui s’intéresse encore au libre-échange et continue à le développer (RCEP, CTPP). Des accords de protection des investissements avec l’Asie du Sud-est ont été signés comme avec Singapour et le Vietnam mais la France ne les a pas ratifiés au niveau national. Les échanges de la France reposent pour beaucoup sur l’aéronautique, le luxe et l’agroalimentaire avec un enjeu important actuellement sur la santé. Sur la transition énergétique, la France est bien placée avec EDF, Engie et Veolia.
  • Singapour est bien placé pour jouer un rôle fort dans la stratégie Indopacifique française. La France et Singapour couvrent un large éventail de questions telles que la défense et la sécurité, la science et la recherche, l’innovation et le commerce. A ce jour, la France est le seul pays européen avec lequel Singapour a établi un partenariat stratégique (2012).

Erwan BERGER & Denis LAMBERT

Une part considérable des équilibres du monde de demain se joue aujourd’hui dans l’Indopacifique. La France, qui compte 1,6 million de concitoyens et trois-quarts de sa zone économique exclusive dans cette zone, est déterminée à être bien présente à ce rendez-vous historique.
Le Président de la République a posé les principes et les lignes d’action de la stratégie française en Indopacifique au printemps 2018. De ceux-ci a émané la Stratégie Française en Indopacifique publiée en février 2022 par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères.

La conférence de ce 1er février 2023 évoquera les enjeux en Indopacifique, la stratégie française dans cette zone et le rôle important que la France y a à jouer.
Nos quatre intervenants experts de cette zone traiteront des enjeux en Indopacifique et des différents axes de la stratégie française dans cette zone.

Présentation des intervenants

Shan JEE CHUA
Première secrétaire pour les Affaires Politiques à l’Ambassade de Singapour à Paris, Shan Jee CHA a notamment étudié à Sciences Po Paris et à l’Université de Pékin.

Mélissa LEVAILLANT est actuellement chercheuse au sein du cabinet « Conseil & Recherche ». Auparavant, elle a occupé les postes de directrice adjointe du département des études et de la recherche à l’IHEDN, de chargée de mission sur l’Asie du Sud à la DGRIS, de chercheuse sur l’Inde à l’IRSEM. Docteure en sciences politiques et relations internationales, elle est également diplômée d’un Master en War Studies du King’s College London et d’un Master en sciences politiques de Sciences Po Paris.

Le capitaine de vaisseau Yannick REST est depuis septembre 2022 chargé de domaines (lutte surface air, drones, maîtrise des fonds marins) au Centre interarmées de concepts, de doctrines et d’expérimentations.
Il a été précédemment attaché de défense à Singapour et non-résident au Brunei Darussalam d’août 2019 à août 2022. Il a dirigé le bureau des relations internationales de l’état-major de la marine à Paris de 2017 à 2019, a été attaché de défense au Brésil de 2013 à 2016 et chargé de mission au bureau OTAN de la de la direction générale des relations internationales et de la stratégie de 2011 à 2013. Il a servi sur le porte-avions Charles de Gaulle, sur frégates et a commandé le bâtiment hydrographique et océanographique Beautemps-Beaupré.

Nicolas REGAUD est conseiller Climat auprès du major général des armées et anime la mise en oeuvre de la stratégie climat & défense. Il a dirigé un ouvrage collectif lors de son passage à l’IRSEM en 2020-21: « La guerre chaude – enjeux stratégiques du changement climatique » et a été précédemment conseiller spécial pour l’Indopacifique auprès du directeur général des relations internationales et de la stratégie et, entre 2008 et 2014, adjoint au directeur chargé des affaires stratégiques, en charge de la politique de défense et de la prospective. Il a organisé en 2015 la première conférence internationale des ministres et hauts responsables de la Défense sur le changement climatique et ses implications pour la défense. Il est docteur en sciences politiques de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Hubert TESTARD enseigne actuellement à l’institut d’études politique de Paris sur les perspectives économiques et sociales à long terme de l’Asie.
Il est un ancien responsable de la direction générale du Trésor. Il a effectué plus de la moitié de sa carrière en Asie comme conseiller économique et financier au Japon, en Corée, en Chine et de 2010 à 2014 à Singapour à la tête du service économique régional chargé des pays de l’ASEAN.
Il est l’auteur d’un livre sur l’impact mondial de la pandémie intitulé « Pandémie, le basculement du monde » (Editions de l’Aube – mars 2021), et il est co-auteur du livre « Le dossier chinois » (Editions du Cherche Midi – octobre 2022).

Emmanuel VERON (Modérateur) est docteur en géographie, spécialiste de la Chine contemporaine et de relations internationales. Enseignant-chercheur à l’Inalco et à l’Ecole navale, ses travaux s’intéressent aux dynamiques intérieures chinoises et à la politique étrangère de la Chine en Asie et dans le monde. Il travaille notamment sur la puissance navale et maritime de la Chine. Il enseigne dans diverses institutions les questions géopolitiques de la Chine et de l’Indopacifique (Ecole de Guerre, Ensta, ICP, …). Par ailleurs, il conseille des entreprises et des institutions. Il est conseiller du commerce extérieur français.